Beaucoup d’effervescence récemment autour de l’uranium, qui est passé la semaine dernière au dessus de la barre des 113$/livre pour la première fois depuis les années ’70. Selon certains analystes, le métal pourrait voir son prix atteindre les 150$ à la fin de l’année et continuer à augmenter par la suite : en effet la demande mondiale pourrait doubler d’ici dix ans, avec une centaine de centrales nucléaires en cours de construction ou de planification dans le monde.
Un métal cher
Il faut cependant noter que pour d’autres analystes, comme Neal Froneman, président de SXR Uranium One, le prix actuel ne reflète pas une tendance à long terme : des comportements spéculatifs de la part de hedge funds notamment auraient artificiellement relevé les prix, et dans quelques années la livre d’uranium devrait se fixer à environ 80$.
Toujours est-il que les belles perspectives offertes par le développement de l’énergie nucléaire ont conduit à un mouvement de consolidation dans l’activité d’exploitation minière de l’uranium. A la fin du mois de février, l’australien Paladin Resources a ainsi initié une OPA hostile sur son compatriote Summit Resources. L’offre initiale consistait à échanger une action Paladin contre 2,04 actions ordinaires de Summit, ce qui valorisait Summit à 830 millions de dollars US. Malheureusement pour Paladin, l’OPA ne reçut même pas l’appui de 1% des actionnaires de Summit.
Partenariat stratégique ou rachat?
De plus, un troisième acteur est venu se mêler au jeu entre-temps : il s’agit d’Areva. Le constructeur de centrales nucléaires français ne souhaite pas racheter Summit, mais il a pris le contrôle de 9% de l’entreprise australienne, devenant ainsi le principal actionnaire, et pourrait doubler sa participation dans les mois à venir. Il s’agit pour Areva de développer un « partenariat stratégique » avec Summit. Paladin a réagi et a proposé une offre « définitive », qui expirera en fin de mois d’avril, valorisant Summit à 992 millions de dollars US, soit un prix par action très légèrement plus élevé que celui qu’a payé Areva.
Que va-t-il se passer ? Paladin semble déterminé à prendre le contrôle de Summit, ce qui lui permettrait par exemple de détenir la totalité du gisement de Valhalla-Skal, dans le Queensland. Un des arguments évoqués par Paladin pour convaincre l’actionnariat de Summit était que Paladin disposait d’expertise technique très avancée dans le domaine de l’exploitation du minerai, et que l’acquisition permettrait à Summit d’en profiter. Or l’arrivée de Areva bouleverse cet argument : un partenariat stratégique avec le géant français doterait Summit d’une expertise qui n’aurait rien à envier à celle de Paladin. Toutefois, le prix proposé par Paladin pourrait se révéler trop tentant.
Summit : un trop gros morceau pour Paladin ?
L’Australie est le pays qui dispose des plus grosses réserves d’uranium dans le monde, et le gouvernement fédéral pense libéraliser l’accès à des réserves dont l’exploitation est pour le moment interdite, pour raisons écologiques entre autres. Cela attire évidemment maintes convoitises, et il nous semble que bien que l’OPA de Paladin ait de bonnes chances de réussir, l’acquéreur australien a peut-être visé trop haut.
Toujours selon Froneman – un sud-africain, donc à priori non intéressé dans l’affaire – les compagnies minières d’uranium sont très chères en ce moment, à cause de l’augmentation des prix et de l’engouement pour l’uranium, qui conduisent à des valorisations d'entreprises très élevées, voire déraisonnables. Il est donc possible que les propriétaires de Summit saisissent cette occasion pour vendre, mais il reste à voir s'il s'agit d'une bonne affaire pour Paladin.
Sources :
“Record high uranium price results in chain reaction on stock market”, Resource Investor, 10/4/2007
“Paladin lifts hostile Summit bid”, Financial Times, 13/4/2007
“Australian uranium tussle intensifies”, Financial Times, 12/4/2007
“Paladin, Summit trade blows over Valhalla uranium”, The Age, 8/3/2007
“L’Australien Paladin relève de 20% son offre sur Summit”, La Tribune, 12/4/2007
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1 commentaire:
Vous mentionnez seulement le cours spot de l'uranium, très spéculatif, qui ne représente qu'une part faible des volumes échangés. Une grande partie du marché se fait sur des contrats long terme dans lesquels le prix, s'il a beaucoup augmenté, est à moins de 100 dollars la livre.
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