Bonjour! Nous sommes un groupe d' étudiants du Master Finance et Stratégie de Sciences Po Paris. Voici notre blog : Sciences Po ActuFi! Nous vous emmenons dans les coulisses de l'actualité financière que nous décryptons et analysons pour vous. Ce blog a pour objet de proposer un regard critique des rouages l'actualité financière, et non une simple compilation d'articles de presse. Nous attendons vos commentaires et vous souhaitons une bonne visite à tous! Charlotte, Kadra, Mikael, Nate et Raja

vendredi 9 février 2007

Acquisition de Inco par le géant brésilien CVRD : les dessous financiers de l’affaire.


La compagnie brésilienne CVRD, spécialisée dans des activités minières de fer, a terminé en janvier l’acquisition de la compagnie canadienne Inco. L’affaire avait été conclue en août, lorsque l’offre de CVRD, d’un montant de 17,6 milliards de dollars, avait séduit les actionnaires de Inco. Les offres rivales, notamment de la compagnie minière américaine Phelps Dodge, valorisaient Inco également à 17,6 milliards mais étaient constituées d’un mélange de cash et d’actions.

L’offre de CVRD, tout en cash, donc plus attrayante, avait été rendue possible par l’obtention d’un prêt de 15,6 milliards de dollars consenti par un syndicat de 37 banques, dont les chefs de file étaient Crédit Suisse, ABN AMRO, UBS et Santander. Les 2 milliards restants ont été financés par la trésorerie de CVRD. Il est intéressant de noter que les banques étaient prêtes à rendre disponible le double de la somme pour que la compagnie brésilienne rachète Inco, ce qui témoigne d’une assez grande confiance.

Le problème des crédit-relais

Cependant, le prêt de 15,6 milliards de dollars est un bridge loan, ou crédit-relais en bon français. Ces crédits sont assez souvent utilisés dans le domaine des fusions et acquisitions car ils concernent généralement des montants très élevés, mais la contrepartie est qu’ils sont de court terme et à des taux élevés. Celui-ci par exemple n’a qu’une durée de 2 ans et le taux est de LIBOR plus 40 points la première année et LIBOR plus 60 points la seconde année.

CVRD a donc assisté a une restructuration de son passif après cette opération, d’autant plus qu’elle a hérité des dettes de Inco, d’environ 2 milliards de dollars. Ainsi, l’endettement du géant brésilien est passé de 7 milliards en juillet dernier à près de 25 milliards après l’acquisition de Inco. Afin de continuer à être bien vue par les agences de rating – ce qui implique de rallonger les dettes – et de ne pas accumuler les charges financières, CVRD a bien entendu l’intention de remplacer le crédit-relais le plus vite possible par des emprunts plus généreux et de le rembourser par des cash flows importants.

Se débarrasser du crédit-relais : les bonnes perspectives de CVRD

CVRD a donc réalisé un certain nombre d’opérations depuis octobre. En novembre et en janvier, elle a cédé des titres de participation dans les entreprises sidérurgiques Usiminas et Siderar, pour un montant total de 250 millions de dollars environ. Ces cessions permettent de dégager du cash en vue du remboursement du crédit-relais, et s’inscrivent dans une stratégie de désintégration verticale.

En novembre, elle a également procédé à la plus grande émission d’obligations jamais faite par un emprunteur latino-américain, pour un montant de 3,75 milliards de dollars. Ces obligations sont remboursables en deux séries, en 2016 et 2036. En décembre elle a émis de nouvelles obligations, cette fois-ci sur le marché brésilien, pour un montant de 5,5 milliards de reais. En l’espace de quelques mois, CVRD a ainsi remboursé près de 40% du crédit-relais.

En parallèle, la compagnie brésilienne semble prête à distribuer des dividendes records à ses actionnaires : on pourrait atteindre 1,65 milliards de dollars en 2007, soit 27% de plus qu’en 2006. Par cette opération, CVRD pourrait diminuer encore davantage la part des capitaux propres dans son passif, ce qui augmenterait leur rentabilité et permettrait d’utiliser l’effet de levier. Associé à une augmentation prévue de 40% du CAPEX (dépenses en investissements), cela signifie que CVRD est extrêmement confiant en sa capacité à obtenir des emprunts peu coûteux et à générer des cash flows. En effet, ces derniers sont en augmentation constante depuis la privatisation de 1997, et les prévisions de croissance du chiffre d’affaires cette année s’appuient sur la hausse de la demande chinoise et l’évolution positive du cours des principaux minerais.

Sources :
- Folha Online, Vale compra Inco e vira segunda maior mineradora do mundo, 24/10/2006
- Les Echos, Farandole de fusions dans l’industrie minière, 5/1/2007
- Financial Times, CVRD leads Brazil’s move further afield, 11/1/2007
- The A to Z of Materials, CVRD sells stake in Siderar steel company, 2/1/2007
- Yahoo Finance, CVRD announces proposal for 2007 dividend: US$ 1.65 billion, 23/1/2007
- Newratings.com, Brazil’s CVRD to boost 2007 CAPEX by 40%, 27/1/2007



Qui sommes nous ?

PARIS, France
Nous sommes un groupe de cinq étudiants de Sciences Po, ce blog est notre Projet collectif. Notre objectif est d'envisager l'actualité financière avec notre regard d'étudiants. Nous tâchons d'avoir une approche pédagogique car ce blog est principalement destiné aux étudiants en finance, de Sciences Po ou d'ailleurs... Merci pour votre visite, nous espérons que les articles publiés vous ont intéressés, nous attendons impatiemment vos commentaires. N'hésitez pas à revenir, le blog est enrichi chaque semaine. Cordialement, Kadra, Raja, Nate, Charlotte, Mikael