Bonjour! Nous sommes un groupe d' étudiants du Master Finance et Stratégie de Sciences Po Paris. Voici notre blog : Sciences Po ActuFi! Nous vous emmenons dans les coulisses de l'actualité financière que nous décryptons et analysons pour vous. Ce blog a pour objet de proposer un regard critique des rouages l'actualité financière, et non une simple compilation d'articles de presse. Nous attendons vos commentaires et vous souhaitons une bonne visite à tous! Charlotte, Kadra, Mikael, Nate et Raja
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mardi 22 mai 2007

CALYON bientôt en Algérie.

Calyon, la banque de financement et d'investissement du Crédit Agricole a obtenu jeudi dernier l'agrément de la banque centrale d’Algérie pour créer une filiale en Algérie. Par ailleurs, les « data rooms » pour la privatisation du Crédit Populaire d'Algérie commencent aujourd'hui.
Cela faisait deux ans que Calyon attendait cet agrément, lui permettant de basculer d’un simple bureau de représentation à la création d’une filiale de plein exercice. Agréée par le Conseil de la monnaie et du crédit de la banque centrale d’Algérie, Calyon Algérie sera dotée d’un capital social de 2.5 milliards de dinars, (environ 26 millions d’euros) soit le minimum requis par la réglementation algérienne en vigueur. Sa mission sera de traiter les affaires locales, d’offrir une gamme de services étendue à ses clients et surtout de se placer sur toutes les opportunités d’un marché en plein essor.
Les autres grandes banques françaises sont déjà présentes en Algérie, la Société Générale, BNP Paribas et Natexis présentes depuis plusieurs années amorcent un développement qui part des métiers de gros vers la banque de détail. Calyon, arrivée en dernier, devra donc tenter de se faire une place au soleil rapidement.
BNP PARIBAS El Djazair
2006 : 23 agences
projet : ouvrir une vingtaine d’agence par an
LA SOCIETE GENERALE
2006 : 22 agences
projet : ouvrir 15 agences par an
NATEXIS
2006 : 6 agences corporate
projet : créer un réseau de détail et ouvrir 7 agences en 2007

Hasard du calendrier ou pas, les « data rooms » pour la privatisation du Crédit Populaire d’Algérie (CPA) ont commencé presque en même temps que cet agrément.
Le CPA, dont le capital social s’élevait à 270 millions d’euros fin 2004, compte plus de 120 agences à travers toute l’Algérie attire les convoitises des grandes banques françaises mais aussi des américains et autres banquiers mondiaux convaincus par le potentiel de l’Algérie. La privatisation de cette banque devrait modifier la stratégie de développement de son acquéreur sachant notamment que ce dernier devra fusionner ses entités sur place dans le respect d’une réglementation locale. Les quatre banques françaises sont toutes candidates au rachat de 51% du CPA mais sont en concurrence avec Citigroup et l’espagnol Santander.
Karim Djoudi, ministre délégué à la Réforme financière algérien, a expliqué que les « data rooms » seraient « D'une durée de quinze jours pour chaque banque, le "data room" comporte également des réunions de travail entre chacune de ces banques et les autorités financières, dont essentiellement la Banque d'Algérie et le ministère délégué à la Réforme financière »
Celles-ci devraient s’achever fin juin, ensuite les offres techniques puis financières prendront le relais et le vainqueur de ce long tournoi ne sera pas connu avant l’automne.
Les autorités algériennes ont agréé en même temps que Calyon Algérie, Al Salam Bank Algeria, porté par des investisseurs arabes tels que Amlak Finance et Emaar Properties. Ces mesures ont pour principal objet de stimuler le financement bancaire du logement et de favoriser le développement du marché hypothécaire en Algérie. Le paysage bancaire et financier algérien compte désormais dix-neuf banques (dont les sept banques publiques) et cinq établissements financiers. Il s’agit des banques publiques BNA, CPA, BEA, BDL, BADR, CNEP et la CNMA, et des douze banques privées Citibank NA Algeria, BNP Paribas Al Djazaïr, Société Générale, Al Baraka d’Algérie, ABC, Natexis Algeria, Gulf Bank Algérie, Trust Bank Algeria, Housing Bank for Trade and Finance-Algeria et Arab Bank plc-Algeria, Calyon Algérie et Al Salam Bank Algeria. La Finalep (Financière algéro-européenne de partenariat), SRH, Sofinance, Arab Leasing Corporation et Salem sont les cinq établissements financiers actuellement en activité dans le pays. Ces nouveaux agréments accordés à des établissements étrangers reconnus internationalement dénotent du soucis des autorités d’observer au maximum les règles prudentielles dans le lancement de ce genre de projets.
Inutile de s'attarder sur le tristement célèbre scandale de Khalifa Bank ni sur les autres faillites en cascades des banques privées algériennes de ces dernières années, ces erreurs ont vraisemblablement amené les autorités monétaires du pays à prendre conscience qu’elles devaient tout faire pour réhabiliter une image positive et saine des banques privées en Algérie.
Kadra Ziani

Sources
Synthèse de Ahlem, algerie-dz.com D’après Liberté
Amine Makri , « Calyon Algérie et Al Salam Bank Algeria sont les deux nouvelles banques privées agréées en Algérie » , El Annabi

lundi 30 avril 2007

Le secteur bancaire français : spécificités, stratégie de développement

L’industrie bancaire européenne est aujourd’hui en ébullition alors que le suspense grandit sur l'issue de la bataille pour le contrôle d'ABN Amro. Exclusivement européenne, cette bataille financière n’implique aucune banque française. Pilier de l’économie française, le secteur bancaire représente plus de 620000 emplois directs et indirects, soit 2,5% de la population active, faisant de cette industrie le premier employeur privé.
Globalement, les banques françaises ont une rentabilité plus faible que les autres. Le rendement des fonds propres est à peu près de 4% en France contre 15% à 20% en Grande Bretagne. Les banques britanniques représentent 68% des profits du secteur bancaire alors que le PNB de la Grande Bretagne équivaut seulement à 13% du PNB européen. Au niveau des capitalisations boursières il en est de même, comparé à HSBC ou Lloyds, les banques françaises sont toutes petites.
Mais le bilan n’est pas non plus si défavorable :
- les 3 premières banques françaises sont classées parmi les 25 plus grandes banques du monde
- l’excellence des banques françaises en matières de dérivés actions n’est plus à prouver
- la France est la 3ème puissance mondiale par la taille de ses grands établissements de crédits (japon, US)
- le réseau international des banques françaises est plutôt bon.

Afin de comprendre ce qui détermine la situation économique actuelle du secteur bancaire français, il faut d’abord garder à l’esprit que la banque n’est pas un secteur comme les autres, en effet le cadre réglementaire est important, les produits proposés sont souvent joints ou complexes et surtout elle a des effets externes sur le reste de l’économie.


SPECIFICITES DU SECTEUR BANCAIRE FRANÇAIS

Le système bancaire français connaît plusieurs spécificités réglementaires qui le différencie du droit communautaire et des législations des autres Etats membres de l’Union Européenne.

1. les règles de protection de la clientèle en France sont plus élevées
C’est en France que l’emprunteur est le plus protégé d’Europe. La réglementation française impose diverses contraintes aux établissements de crédit établis sur son territoire.
En matière de crédit à la consommation, les lois Scrivener et Neiertz prévoient :
- un délai de rétractation de sept jours,
- l’interdépendance entre le contrat principal et le contrat de prêt,
- ainsi que le droit au remboursement anticipé sans aucune indemnité.

Cette législation très protectrice des consommateurs peut être un frein au développement des opérations bancaires transnationales.
Or, l’Union Européenne avance vers une harmonisation optimale des conditions de protection de l’emprunteur. La France pourrait être contrainte d’assouplir sa position pour que les Etats membres de la Communauté offrent un même niveau de protection et pour la concurrence entre tous les établissements soient loyale.

2. Quelques réseaux conservent le monopole de la distribution de certains produits de placement

Successivement, l’Association française des banques et la Fédération bancaire européenne ont déposé des plaintes contre le Livret bleu du Crédit mutuel auprès de la Commission européenne.
Le Livret bleu a, depuis sa création en 1975, perturbé le jeu de la concurrence entre les établissements de crédit français. Depuis l’avènement d’un marché bancaire unique en 1993, cette concurrence déloyale s’est élargie à l’échelle européenne.
Qu’est ce que le livret bleu ?
Le livret bleu est un produit de collecte de l’épargne créé en 1975. Il bénéficie de conditions fiscales spécifiques puisqu’il est défiscalisé sur les deux tiers des intérêts versés aux épargnants (le Crédit mutuel étant tenu de verser au Trésor une redevance assise sur le tiers restant).
Un solde minimum de 15 euro est requis pour les dépôts. Le plafond fixé par le ministère de l’Economie et des finances étant de 15 000 euros pour les personnes physiques et 75 000 euros pour les personnes morales. Son taux, fixé par l’Etat, est de 3% depuis le 28 juin 2000. Auparavant le Crédit mutuel était une association à but non lucratif, mais son activité est depuis 1984 celle une banque généraliste. Et pourtant les avantages particuliers de son produit « le livret bleu » persistent.

Par ailleurs, la concurrence de La Poste est également considérée comme déloyale. La Poste n’est pas soumises aux mêmes contraintes réglementaires et prudentielles que les autres banques.

3. la France est le seul pays européen à ne pas laisser les banques fixer les prix de leurs services librement.

L’interdiction de rémunérer les Dépôts à vue et son corollaire l’interdiction de facturer les chèques, (ce qu’on appelle souvent le « ni-ni ») ainsi que le plafonnement de l’indemnité de remboursement anticipé dans les crédits immobiliers sont des spécificités de la réglementation bancaire française.
La gratuité obligatoire des chèques, considérée comme la contrepartie de la non rémunération des comptes à vue, reste en vigueur en France malgré Le passage à la phase III de l’Union Monétaire au 1er janvier 1999. Elle devrait disparaître lorsque l’interdiction de la rémunération des dépôts sera levée.

Les banques françaises sont donc limitées dans leur liberté de tarification des services bancaires ce qui nuit à leur rentabilité . La tarification des services bancaires constitue une cause essentielle de la moyenne rentabilité des banques françaises. La réglementation contraignante encourage des phénomènes de compensation tels que les dates de valeur et péréquations entre produits de dépôts et produits de crédits et entre clients pour lesquels les banques pratiquent des tarifs faibles, dans le but de les attirer, en compensant sur d’autres clientèles.


STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT POUR FAIRE FACE AUX NOMBREUX DEFIS QUI SE PROFILENT

Plusieurs évolutions du secteur français ont été identifié :
D’abord, la concurrence bancaire va s’intensifier, la scène concurrentielle est pour presque tous les métiers de la banque, mondiale. Il est donc envisageable qu’on voit petit à petit l’émergence d’un groupe d’une dizaine de leaders de taille mondiale. La France doit s’imposer dans ce club de leader.
Ensuite, les nouvelles normes comptables, IFRS, et prudentielles, Bâle II, arrivées en même temps transforment les conditions d’exercice du métier de banquier.
Enfin, les progrès de la technologie et en particulier la télématique offrent au secteur bancaire de nouvelles opportunités de développer des services d’information sécurisés sur internet par exemple.

Pour tirer profits de ses mutations et non pas en pâtir, les banques françaises doivent adopter une nouvelle stratégie.

1. la multispécialisation, deux options s’offrent aux banques françaises : être universelle, c’est à dire couvrir tous les métiers de la banquee ou se concentrer sur quelques domaines où elle est particulièrement douée ou rentable. Il n’y a pas de réponse prédéfinie mais ce qu’on observe de plus en plus aujourd’hui pour les banques françaises c’est d’être une banque généraliste sur le marché national et de se spécialiser à l’étranger.
2. quelles relations entretenir avec le monde de l’assurance : faut-il se développer dans ces activités, qui sont assez similaires ? C’est à dire repenser leur stratégie de risque ou simplement passer un accord avec un acteur majeur de ce secteur ?
3. la banque à distance et internet. Près de deux tiers des transactions s’effectuent déjà hors agence et les français ne vont plus que cinq fois par an voir leur banquier. Voilà une opportunité pour le secteur bancaire, qui reste un secteur de main d’œuvre essentiellement, de concentrer son recrutement sur les activités commerciales plutôt que d’accueil ou d’administration.

sources:
https://www.federationsump.org/horde/drupal/UserFiles/images/fedepro/banque_finance_assurance/Le_secteur_bancaire_en_France.doc
http://www.banque-france.fr/fr/supervi/telechar/supervi_banc/cb/2002/etude3.pdf
http://www.lyc-arsonval-brive.ac-limoges.fr/secosoc/article.php3?id_article=16
"La polémique sur les tarifs bancaires n'est pas une spécificité française" Les Echos 19/04/2007

Kadra ZIANI

lundi 26 mars 2007

La finance islamique: fondements, principes et limites


La finance islamique (FI) est apparue dans les années 1970, accompagnant l'avènement d'un islam politique. Mais elle a survécu à son déclin, profitant de la mondialisation financière.C'est depuis 2001 que sa croissance est devenue exceptionnelle (15% par an), en effet, les fonds des pays du Golfe ont été massivement rapatriés vers leurs pays d'origines après les événements du 11 septembre.
Aujourd'hui la FI pèse plus de 300 milliards de dollars et se pratique dans plus de 75 pays.

LES FONDEMENTS
La FI se fonde sur l'interdiction par l'Islam du riba, terme signifiant à la fois usure et intérêt. Le riba est condamné par le Coran au chapitre 2 (sourate de la Vache), 3, (sourate de la famille de imran), et 30 (sourate des Romains), mais aussi dans les hadiths, actes et paroles du Prophète Mohammed, qui forment la sunna. Cette dernière et le Coran constituent la sharia autrement dit la loi islamique.
La FI se définit donc comme l'ensemble des modes de financement ayant été adopté par les musulmans respectant l'interdiction de l'usure et de l'intérêt.
Durant le Moyen-Age et la Renaissance, l'interdiction du riba fut le plus souvent contournée par le recours à des hiyal (astuces, ruses) tels que la vente à crédit appelée le bay'al 'ina (double vente). Il s'agissait d'utiliser le bien échangé comme d'un pretexte au crédit. Prenons un exemple, le prêteur vendait un produit quelconque à l'emprunteur pour 50 dinars, payables à terme. Mais il lui rachetait immédiatement ce produit pour 45 dinars, ce dont a besoin l'emprunteur, qu'il paye au comptant. Ainsi le prêteur gardait sa marchandises et avait transféré 45 dinars à l'emprunteur. Cette pratique grossière se répandit rapidement au delà du monde musulman et fut finalement condamnée par le Concile de Rome dans un décret de 1679.

LES PRINCIPES
La FI considère comme unique fondement de la rémunération de l'argent placé, la rentabilité de l'actif financé et rejete le concept de remunérer de façon fixe et déconnectée de la rentabilité de l'actif financé. Elle exige par ailleurs que les transactions financières se fondent sur une activité économique réelle et prohibe l'investissement dans des secteurs comme le tabac, l'alcool, le jeu, le sexe et l'armement.
La FI incite toutes les parties à une transaction à partager le risque et le bénéfice ou la perte. On peut comparer les investisseurs des banques islamiques à des actionnaires qui reçoivent des dividendes quand la société fait des profits ou perdent une partie de leur économie quand elle fait une perte. Le rendement du contrat islamique est lié à la productivité et à la qualité du projet, pour assurer une répartition plus équitable de la richesse. Les instruments financiers islamiques sont des contrats entre les fournisseurs et les utilisateurs de fonds qui se partagent le risque. La gamme de contrats est assez large et ne cesse de se compléter avec le temps.

Instruments de dette:
la Mourabaha, est un contrat d'achat et de revente dans lequel la banque achète à un fournisseur un bin corporel à la demande de son client, le prix de revente étant fondé sur le coût plus une marge bénéficiaire
le Salam, contrat d'achat comportant la livraison différée des marchandises, il est surtout utilisé pour le financement de l'agriculture
l'Istisna, instrument de financement avant livraison et de crédit-bail utilisé pour le financement de projets à long terme
le Qard al Hasan (prêt grâcieux), contrat de prêt sans intérêt généralement adossé à une sûreté
Instrument de quasi-dette:
l'Ijara, contrat de crédit-bail par lequel une partie lour un bien pour un loyer et une échéance déterminés. Le propriétaire du bien (la banque) supporte tous les risques liés à la propriété. Le bien peut être vendu à un prix négociable, ce qui entraîne la vente du contrat Ijara. Ce contrat peut être structuré sous forme d'une location-vente dans laquele chaque loyer versé comprend une partie du bien convenu, et il peut porter sur une échéance qui couvre la durée de vie prévue du bien
Instruments de partage des bénéfices et des pertes:
la Mousharaka, contrat de prise de participation dans lequel la banque et son client participent ensemble au financement d'un projet. Le droit de propriété est réparti en proportion de la contrinution de chaque partie
La Moudaraba, contrat de fiducie par lequel une partie fournit le capital pour un projet, et l'autre, le travail. Le partage des bénéfices est convenu entre les parties, et les pertes sont supportées par le fournisseur des fonds, sauf s'il y a faute, négligence ou violation des conditions acceptées par la banque.

LES OBSTACLES AU DEVELOPPEMENT DE LA FI
La conception d'instruments islamiques pour les opérations monétaires est très difficile. Le champ de la gestion monétaire a été limité par l'absence d'instruments ne portant pas intérêts. L'engagement des banques islamiques est particulièrement liquide et prédispose le système à détenir des reserves excédentaires. L'intermédiation financière est alors freinée.
Le sous développement de ces marchés empêche la banque centrale d'intervenir au moyen d'instruments indirects et encourage l'instauration d'un contrôle direct du crédit.
La Banque Islamique de Développement joue un rôle central dans la création de normes et de procédures internationalement acceptables et le renforcement du secteur dans divers pays. Plusieurs autres institutions internationales se consacrent à la définition de normes conformes à la sharia et à leur harmonisation entre les pays. Ces institutions sont l'Organisation des comptables et vérificateurs des institutions financières islamiques (AAOIFI), le Conseil des services financiers islamiques (IFSB), le Marché financier islamique international, le Centre de gestion des liquidités et l'Agence de notation islamique internationale. Quand ces normes internationales seront élaborées et acceptées, elles offriront aux contrôleurs une visibilité plus grande sur la solidité, la stabilité et l'intégrité des établissements financiers islamiques.
Par ailleurs, le manque de données agrégées rend presque impossible la comparaison des banques islamiques d'un pays à l'autre. Il n'existe aucunes données sur les activités transfrontalières des banques islamiques ou le volume des transactions islamiques transfrontalières fondés sur la sharia. Quelques banques centrales, comme au Bahrein, en Malaisie ou en Turquie, commencent à inclure dans leur rapport annuel des informations sur les banques islamiques, en leur consacrant une rubrique à part, avec des données agrégées qui fournissent des informations sur l'ampleur de ces institutions au niveau du pays. Mais des efforts de coopération multilatérale sont souhaitables car ils permettraient de recueillir des informations sur les opérations transfrontalières.

LA FINANCE ISLAMIQUE: UNE FICTION?
Mais finalement la question qui subsiste est la suivante: la finance islamique est-elle vraiment islamique? Il semblerait que non, elle est beaucoup plus hypocrite que l'image qu'on essaie de lui donner. Elle a réussit au gré d'une savante ingénierie financière à trouver des produits conformes aux principes de l'Islam pour remplacer tous les instruments de placement classiques. La dimension éthique qu'était sensée revetir la FI semble marginale, elle ne fait que couvrir d'un vernis « hallal » les instruments financiers traditionnels.
Kadra Ziani
Sources:
Ibrahim Warde, "Paradoxe de la finance islamique", Le Monde diplomatique, Septembre 2001
Betty Wapfler, Les principes de la finance islamique, BIM N°30, Septembre 2002
Lettre Vernimmen, N°51, Octobre 2006, actualité "la finance islamique"

dimanche 28 janvier 2007

Record de l'Introduction en Bourse de ICBC: réalité ou mirage?


L’Introduction en Bourse record de l’Industrial and Commercial Bank of China (ICBC)

Après celles de la Bank of China et de la China Construction Bank, l’introduction en bourse (IPO) de l’Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), le 27 octobre 2006, du plus gros prêteur chinois, pour un montant record de $ 22mds, démontre l’attrait sans précédent des investisseurs pour les banques chinoises. Or, il subsiste un certain nombre de doutes autour de la gestion de ces banques, et en premier lieu des créances douteuses.


La vague d’Opérations d’Introduction en Bourse des banques chinoises

Un des éléments fondateurs de la modernisation et de l’assainissement des secteurs bancaires et financiers est sans doute l’adhésion de la Chine à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 2001. Or, 2006 marque la fin de la période de transition accordée à la Chine pour se conformer à diverses règles de l’OMC, notamment dans les secteurs de la banque et de la finance.

Parmi ces nouveaux défis, figure l’ouverture de ces secteurs à la concurrence étrangère, annoncée à la mi-novembre 2006, effective le 11 décembre dernier. En effet, à la condition de constituer une entité de droit chinois et d’être dotée d’au moins 100 millions de yuans, les banques étrangères peuvent désormais traiter avec les particuliers (banque de détail). Ont désormais dévoilé leur intérêt : les banques britanniques Standard Chartered et HSBC, Citigroup, ABN AMRO… Et, si à court terme, elles ne présentent pas une concurrence redoutable pour les banques chinoises, elles pourraient à plus long terme capter la clientèle urbaine et aisée, à la recherche par exemple de produits financiers plus sophistiqués…

Ainsi, sous la pression de l’OMC mais aussi afin de faire face à la concurrence étrangère, le gouvernement chinois a procédé à une vague de recapitalisation et de restructuration, dans ce secteur autrefois particulièrement marqué par la corruption et la mauvaise gestion. Les Introductions en Bourse permettent à la fois de recapitaliser et restructurer les banques, en augmentant d’une part leur capital, et en diminuant d’autre part le poids des créances douteuses dans le bilan. A ce propos, le gouvernement chinois encourage fortement les banques étrangères à investir dans les banques chinoises, tout comme dans d’autres secteurs, afin de profiter de leur expertise et renommées.

Et, comme les investisseurs étrangers se réjouissent d’avoir prochainement accès au marché bancaire chinois et orientent une grande partie de leurs stratégies de développement vers ce secteur prometteur, ceux-ci investissent massivement dès que l’occasion se présente. En effet, l’enjeu est de taille : une population de 1,3 milliards d’habitants, des classes moyennes représentant déjà plusieurs centaines de millions de personnes, parmi lesquelles les nouveaux riches se comptent en centaines de milliers, mais surtout une épargne exceptionnelle de 1720 milliards de dollars à fin 2005.

Tout d’abord, ICBC est le plus important établissement de crédit chinois, mais aussi une des quatre grandes banques chinoises. Il faisait figure de candidat idéal pour une introduction en bourse en fanfare. De plus, ICBC serait sous-évalué par rapport à ses homologues (Bank of China, China Construction Bank…). L’Introduction en Bourse d’ICBC (Industrial and Commercial Bank of China) s’est donc déroulée dans une atmosphère particulièrement favorable, avec une HongKongEX dépassant, en 2006, le NYSE en terme de capitaux levés ! ICBC a ainsi levé 22 mds $ le 27 octobre dernier, pulvérisant les records précédents de la Bank of China avec 13,7 mds $ et de la China Construction Bank avec 8 mds $ et la plaçant au septième rang du secteur mondial en terme de capitalisation boursière.

Inquiétudes autour des créances douteuses => spéculation trop risquée ?

Si cette levée de fonds record est vue par certains comme un « mélange de spéculation et de confiance dans un pays marqué par une croissance spectaculaire », voire comme « la confiance des investisseurs étrangers en la prospérité d’une économie chinoise en mutation » ainsi que s’en félicitait le Président de la Bank of China lors de son introduction en bourse, une approche plus réaliste conduirait à nuancer leurs propos.
Tout d’abord, le secteur reste largement sous la tutelle de l’Etat, d’où la possibilité de stratégies à des fins plus politiques qu’économiques. 70 à 80% des prêts qu’elle accorde sont octroyés à firmes chinoises, publiques et privées, dont les capacités de remboursement sont encore assez limitées. En effet, en 2005, 40% des entreprises publiques industrielles continuaient à perdre de l’argent. .
A ce propos, les inquiétudes de la Banque centrale chinoise elle-même semblent assez justifiées. Wu Xiaoling, gouverneure adjointe de la Banque centrale, s’inquiète déjà d’une possible recrudescence des créances douteuses en raison des fondations « pas encore solides » des banques chinoises « pour des avoirs sains ». Surtout, que si le ratio de prêts non productifs (non performing loans) a bien baissé ces dernières années, passant sous la barre des 10% pour la première fois en 2005, il reste encore très élevé en comparaison avec les grandes banques anglo-saxonnes qui affichent des taux autour de 1%. D’autant qu’un rapport du 16 mai dernier publié par Ernst & Young, avait été aussitôt censuré, estimant le montant réel des créances douteuses trois fois supérieur aux chiffres officiels.




Charlotte Quilain



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PARIS, France
Nous sommes un groupe de cinq étudiants de Sciences Po, ce blog est notre Projet collectif. Notre objectif est d'envisager l'actualité financière avec notre regard d'étudiants. Nous tâchons d'avoir une approche pédagogique car ce blog est principalement destiné aux étudiants en finance, de Sciences Po ou d'ailleurs... Merci pour votre visite, nous espérons que les articles publiés vous ont intéressés, nous attendons impatiemment vos commentaires. N'hésitez pas à revenir, le blog est enrichi chaque semaine. Cordialement, Kadra, Raja, Nate, Charlotte, Mikael