Bonjour! Nous sommes un groupe d' étudiants du Master Finance et Stratégie de Sciences Po Paris. Voici notre blog : Sciences Po ActuFi! Nous vous emmenons dans les coulisses de l'actualité financière que nous décryptons et analysons pour vous. Ce blog a pour objet de proposer un regard critique des rouages l'actualité financière, et non une simple compilation d'articles de presse. Nous attendons vos commentaires et vous souhaitons une bonne visite à tous! Charlotte, Kadra, Mikael, Nate et Raja

lundi 30 avril 2007

Le secteur bancaire français : spécificités, stratégie de développement

L’industrie bancaire européenne est aujourd’hui en ébullition alors que le suspense grandit sur l'issue de la bataille pour le contrôle d'ABN Amro. Exclusivement européenne, cette bataille financière n’implique aucune banque française. Pilier de l’économie française, le secteur bancaire représente plus de 620000 emplois directs et indirects, soit 2,5% de la population active, faisant de cette industrie le premier employeur privé.
Globalement, les banques françaises ont une rentabilité plus faible que les autres. Le rendement des fonds propres est à peu près de 4% en France contre 15% à 20% en Grande Bretagne. Les banques britanniques représentent 68% des profits du secteur bancaire alors que le PNB de la Grande Bretagne équivaut seulement à 13% du PNB européen. Au niveau des capitalisations boursières il en est de même, comparé à HSBC ou Lloyds, les banques françaises sont toutes petites.
Mais le bilan n’est pas non plus si défavorable :
- les 3 premières banques françaises sont classées parmi les 25 plus grandes banques du monde
- l’excellence des banques françaises en matières de dérivés actions n’est plus à prouver
- la France est la 3ème puissance mondiale par la taille de ses grands établissements de crédits (japon, US)
- le réseau international des banques françaises est plutôt bon.

Afin de comprendre ce qui détermine la situation économique actuelle du secteur bancaire français, il faut d’abord garder à l’esprit que la banque n’est pas un secteur comme les autres, en effet le cadre réglementaire est important, les produits proposés sont souvent joints ou complexes et surtout elle a des effets externes sur le reste de l’économie.


SPECIFICITES DU SECTEUR BANCAIRE FRANÇAIS

Le système bancaire français connaît plusieurs spécificités réglementaires qui le différencie du droit communautaire et des législations des autres Etats membres de l’Union Européenne.

1. les règles de protection de la clientèle en France sont plus élevées
C’est en France que l’emprunteur est le plus protégé d’Europe. La réglementation française impose diverses contraintes aux établissements de crédit établis sur son territoire.
En matière de crédit à la consommation, les lois Scrivener et Neiertz prévoient :
- un délai de rétractation de sept jours,
- l’interdépendance entre le contrat principal et le contrat de prêt,
- ainsi que le droit au remboursement anticipé sans aucune indemnité.

Cette législation très protectrice des consommateurs peut être un frein au développement des opérations bancaires transnationales.
Or, l’Union Européenne avance vers une harmonisation optimale des conditions de protection de l’emprunteur. La France pourrait être contrainte d’assouplir sa position pour que les Etats membres de la Communauté offrent un même niveau de protection et pour la concurrence entre tous les établissements soient loyale.

2. Quelques réseaux conservent le monopole de la distribution de certains produits de placement

Successivement, l’Association française des banques et la Fédération bancaire européenne ont déposé des plaintes contre le Livret bleu du Crédit mutuel auprès de la Commission européenne.
Le Livret bleu a, depuis sa création en 1975, perturbé le jeu de la concurrence entre les établissements de crédit français. Depuis l’avènement d’un marché bancaire unique en 1993, cette concurrence déloyale s’est élargie à l’échelle européenne.
Qu’est ce que le livret bleu ?
Le livret bleu est un produit de collecte de l’épargne créé en 1975. Il bénéficie de conditions fiscales spécifiques puisqu’il est défiscalisé sur les deux tiers des intérêts versés aux épargnants (le Crédit mutuel étant tenu de verser au Trésor une redevance assise sur le tiers restant).
Un solde minimum de 15 euro est requis pour les dépôts. Le plafond fixé par le ministère de l’Economie et des finances étant de 15 000 euros pour les personnes physiques et 75 000 euros pour les personnes morales. Son taux, fixé par l’Etat, est de 3% depuis le 28 juin 2000. Auparavant le Crédit mutuel était une association à but non lucratif, mais son activité est depuis 1984 celle une banque généraliste. Et pourtant les avantages particuliers de son produit « le livret bleu » persistent.

Par ailleurs, la concurrence de La Poste est également considérée comme déloyale. La Poste n’est pas soumises aux mêmes contraintes réglementaires et prudentielles que les autres banques.

3. la France est le seul pays européen à ne pas laisser les banques fixer les prix de leurs services librement.

L’interdiction de rémunérer les Dépôts à vue et son corollaire l’interdiction de facturer les chèques, (ce qu’on appelle souvent le « ni-ni ») ainsi que le plafonnement de l’indemnité de remboursement anticipé dans les crédits immobiliers sont des spécificités de la réglementation bancaire française.
La gratuité obligatoire des chèques, considérée comme la contrepartie de la non rémunération des comptes à vue, reste en vigueur en France malgré Le passage à la phase III de l’Union Monétaire au 1er janvier 1999. Elle devrait disparaître lorsque l’interdiction de la rémunération des dépôts sera levée.

Les banques françaises sont donc limitées dans leur liberté de tarification des services bancaires ce qui nuit à leur rentabilité . La tarification des services bancaires constitue une cause essentielle de la moyenne rentabilité des banques françaises. La réglementation contraignante encourage des phénomènes de compensation tels que les dates de valeur et péréquations entre produits de dépôts et produits de crédits et entre clients pour lesquels les banques pratiquent des tarifs faibles, dans le but de les attirer, en compensant sur d’autres clientèles.


STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT POUR FAIRE FACE AUX NOMBREUX DEFIS QUI SE PROFILENT

Plusieurs évolutions du secteur français ont été identifié :
D’abord, la concurrence bancaire va s’intensifier, la scène concurrentielle est pour presque tous les métiers de la banque, mondiale. Il est donc envisageable qu’on voit petit à petit l’émergence d’un groupe d’une dizaine de leaders de taille mondiale. La France doit s’imposer dans ce club de leader.
Ensuite, les nouvelles normes comptables, IFRS, et prudentielles, Bâle II, arrivées en même temps transforment les conditions d’exercice du métier de banquier.
Enfin, les progrès de la technologie et en particulier la télématique offrent au secteur bancaire de nouvelles opportunités de développer des services d’information sécurisés sur internet par exemple.

Pour tirer profits de ses mutations et non pas en pâtir, les banques françaises doivent adopter une nouvelle stratégie.

1. la multispécialisation, deux options s’offrent aux banques françaises : être universelle, c’est à dire couvrir tous les métiers de la banquee ou se concentrer sur quelques domaines où elle est particulièrement douée ou rentable. Il n’y a pas de réponse prédéfinie mais ce qu’on observe de plus en plus aujourd’hui pour les banques françaises c’est d’être une banque généraliste sur le marché national et de se spécialiser à l’étranger.
2. quelles relations entretenir avec le monde de l’assurance : faut-il se développer dans ces activités, qui sont assez similaires ? C’est à dire repenser leur stratégie de risque ou simplement passer un accord avec un acteur majeur de ce secteur ?
3. la banque à distance et internet. Près de deux tiers des transactions s’effectuent déjà hors agence et les français ne vont plus que cinq fois par an voir leur banquier. Voilà une opportunité pour le secteur bancaire, qui reste un secteur de main d’œuvre essentiellement, de concentrer son recrutement sur les activités commerciales plutôt que d’accueil ou d’administration.

sources:
https://www.federationsump.org/horde/drupal/UserFiles/images/fedepro/banque_finance_assurance/Le_secteur_bancaire_en_France.doc
http://www.banque-france.fr/fr/supervi/telechar/supervi_banc/cb/2002/etude3.pdf
http://www.lyc-arsonval-brive.ac-limoges.fr/secosoc/article.php3?id_article=16
"La polémique sur les tarifs bancaires n'est pas une spécificité française" Les Echos 19/04/2007

Kadra ZIANI

Iberdrola, l'éolien et la bulle verte

Iberdrola, numéro deux de l’énergie en Espagne, et numéro un mondial de la génération d’énergie éolienne, a fait l’objet de toutes les attentions des investisseurs au cours de ces derniers mois. En effet, le groupe d’origine basque a terminé en avril l’acquisition du géant écossais Scottish Power, pour une valeur de 17,2 milliards d’euros. La transaction, qui avait été annoncée à l’automne dernier, a immédiatement suscité des réactions mitigées de la part des spécialistes.

Vers un monde vert

Le contexte général semble largement favorable à l’investissement. Depuis 2001, le cours de bourse d’Iberdrola affiche ainsi une croissance impressionnante, avec une multiplication par environ 2,3 du prix de l’action. De plus, les énergies renouvelables sont incontestablement dans l’air du temps, et l’Union Européenne prévoit notamment de réduire ses émissions de CO2 de 20% d’ici 2020, ce qui constitue une belle promesse de croissance. Enfin, le secteur des énergies renouvelables bénéficie de subventions conséquentes dans de nombreux Etats. En Espagne cette subvention s’élevait l’an dernier à 97 euros par megawatt-heure pour la fabrication d’énergie éolienne.

Des lendemains qui déchantent…

Or il ne faut pas oublier que sans ces subventions, la génération et la commercialisation d’énergie éolienne ne serait pas rentable ! Selon Colette Lewiner, directrice du secteur de l’énergie chez Capgemini, « le kWh éolien coûte deux fois plus cher que celui du nucléaire ». Les autorités publiques pourraient se rendre compte à terme des coûts d’opportunité engendrés par ces subventions : en Espagne déjà, la subvention devrait baisser d’environ 20% par rapport à 2006. Privé de subvention, le secteur serait également privé de rentabilité.

De plus, l’acquisition de Scottish Power en soi a été vivement critiquée : le prix de 17,2 milliards d’euros ne justifierait pas les perspectives de synergies. Le PDG d’Iberdrola, Ignacio Sánchez Galán, n’a toutefois cessé de répéter les vertus de l’acquisition, qui crée le premier producteur mondial d’énergie renouvelable. Arthur Hoffmann, gérant chez la banque suisse Sarasin, affirme pourtant que « les fusions et acquisitions ont rendu l’éolien beaucoup trop cher, le PER sectoriel atteignant 40 pour 2007.»

Pour la plupart des analystes, l’acquisition n’a pas vraiment un caractère économiquement justifiable et constitue surtout une « acquisition défensive », permettant à Iberdrola de se mettre à l’abri de prédateurs tels que l’allemand Eon. Dernier point à noter : le poids de la dette d’Iberdrola, qui devient préoccupant. Le groupe s’est endetté à hauteur de 7,9 milliards d’euros pour financer son acquisition de Scottish Power, ce qui porte son gearing largement au dessus de 1. De plus, de nouvelles acquisitions internationales sont envisagées, dont des parcs d’éoliennes au Brésil et au Mexique. Ignacio Sánchez Galán aurait-il vu trop grand ?

… ou une valeur sûre pour le long terme ?

Pour les optimistes, l’énergie éolienne et Iberdrola constituent quand même des investissements intéressants. Des améliorations technologiques dans la fabrication des turbines pourraient finalement rendre le secteur rentable sans subventions : il faut rappeler que les coûts de production ont déjà baissé de 80% en 10 ans, et une turbine moderne produit 180 fois plus d’énergie qu’il y a 20 ans.

Par ailleurs, les comparaisons entre la « bulle verte » et la bulle internet d’il y a 10 ans ne semblent pas être justifiées. Certes, on constate un afflux massif de liquidités vers l’éolien, dont une bonne part de fonds spéculatifs, mais les investissements s’orientent cette fois-ci vers des actifs tangibles, à l’inverse des start-ups internet. Les cash-flows sont plus facilement mesurables, et selon Didier Laurens, analyste à la Société Générale, « on peut globalement justifier les valorisations actuelles ».

Enfin, en ce qui concerne Iberdrola, il faut rappeler que l’acquisition de Scottish Power permet également au groupe de d’internationaliser davantage et de ne plus dépendre autant du marché espagnol, où les tarifs tardent à être libéralisés. Un plan stratégique d’expansion vers les Etats-Unis a été dévoilé par Sánchez Galán, qui affirme y voir la meilleure opportunité de consolider sa position de premier producteur d’énergie « propre » au monde. Rappelons toutefois que les énergies renouvelables ne constituent que 25% de la production d’Iberdrola…



Sources :

Iberdrola chief targets US as growth market, Financial Times, 29/4/2007.

Iberdrola chief flags up benefits of a Scottish union, Financial Times, 29/11/2006.

Les valorisations boursières de l’énergie éoliènne font craindre une bulle speculative, Le Monde, 24 février 2007.

La bourse est-elle en proie à une bulle verte ? Grégoire Aladjidi, http://galadjidi.typepad.fr/cleantech/autre/index.html, 18/4/2007

Take the Iberdrola bull by the horns, The Guardian, 18/3/2007

Rapports annuels de Iberdrola

jeudi 26 avril 2007

The Fall of the Giant Known as Wal-Mart?


Has Wal-Mart, the American retail giant which by itself brings in annual sales of 345 billion dollars which surpasses that of its four closest rivals combined (which includes Costco and Target), reached the peak of its profitability? Can this Goliath continue on the path it is currently on without serious repercussions? Recent evidence would say no. It currently seems as if Wal-Mart’s discount strategy is fighting for territory in a saturated market. Its recent sales have been increasing at the very low rate of .9% and its stock price has rested close to its 1999 price. And this isn’t the end of Wal-Mart’s troubles. The huge retailer’s low priced, everyday strategy does not seem to work globally as well as it does in the US. After ten years in Germany Wal-Mart has called it quits. It has seen similar lack-luster results in several other countries as well such as South Korea and Brazil. From such information, Wal-Mart does not and should not attract attention from investors; however, we should be aware of the adage that past performance does not accurately reflect future revenues.

Though it might seem as if the culture of Wal-Mart does not jam with the culture of many countries, it is hard to think that Wal-Mart will not learn from its mistakes in Germany and other countries and improve on them. Just like any company expanding into foreign territory, Wal-Mart first experienced turbulence trying to figure out local customs. Its notorious faux pas include demanding employees in Germany to greet customers with a smile (an act that came across as flirtatious to many Germans) and shelves that were too high to reach for the average South Korean. Wal-Mart is learning from its mistakes and taking steps to improve its expansion strategy overseas. There are few reasons why Wal-Mart cannot adapt and begin to see the same success in China or other countries that it sees in England where its subsidiary ASDA records sales of $26.8 billion dollars and accounts for 43% of Wal-Mart’s international revenue. Similar changes are being made on the home front, as stores are being remodeled, its employee relations image is improving, and its product offering is being upgraded. As soon as the dust is settled a stronger than ever Wal-Mart could very well emerge.
sources:
le figaro. "Wal-mart cherche un nouveau souffle" 30 Mars 2007.
MSN Money. "In praise of Wal-Mart."
MSN Money. "Is shopping at Wal-Mart immoral?"

mardi 24 avril 2007

Interview d'Augustin de 'Michel et Augustin'- le quotidien d'un micro-entrepreneur







Notre invité: Augustin Paluel-Marmont (co-fondateur et DG de 'Michel et Augustin').
Diplômé de l'ESCP-EAP, il a tout d'abord travaillé en tant qu'analyste en stratégie pour le Club Méditerranée, a co-fondé une entreprise spécialisée dans le datamining et a été chef de produit marketing chez Air France. En 2001, il a passé un CAP-BEP de boulanger en 2001.




Charlotte Quilain : Comment l’aventure a-t-elle commencé ?

A.P.-M. :

Tout a commencé avec la découverte d’une marque de glace américaine (pour des raisons juridiques, la marque ne doit pas être citée), proposant des produits de qualité allié à un marketing délirant. Mais cela a quand pris 10 ans pour que l’idée germe, pendant lesquels j’ai exercé diverses fonctions de marketing, puis, en 2001, ai passé un CAP-BEP de boulanger, et enfin testé et écrit un guide recensant toutes les boulangeries de Paris en compagnie d’un camarade de promo, Michel.

Ce sera avec ce même compagnon de dégustation que nous déciderons, après avoir étudié la faisabilité du projet pendant 3 mois de travail intense, de nous lancer dans la création d’un marque de produits ‘gourmands et ‘fins’, proche des consommateurs et avec des produits naturels. Commence alors la phase de définition du projet, d’élaboration des premiers ‘business plan’ mais aussi la recherche de financement. Outre les fonds que nous apportons, tout le reste des fonds propres a été trouvé grâce au soutien de nos amis (dont certains banquiers de profession mais à titre privé!).

CQ : Financièrement, comment ça se passe ?


A.P.-M. : Bilan après 2 ans et demi.

- Augmentation de capital en 2007
- A ce stade, nous ne sommes toujours pas bénéficiaires mais ça correspond à nos plans. Nous devrions commencer à gagner de l’argent d’ici à un an ! Enfin cela dépend aussi des investissements que l’on fera. [pour se développer et pour être présent partout en France, et même en Europe – la Belgique et la Suisse sous peu, il est probable que « Michel et Augustin » ait besoin de réaliser des investissements importants. Pour l’instant, néanmoins, ils n’envisagent pas par exemple de détenir leur propre centre de production mais préfèrent sous-traiter.

C.Q. : Quid de ‘Michel et Augustin’ dans les années qui viennent ?

A. P.-M. :
Notre ambition est claire : être présents partout où il y a un pot de Haagen-Dasz ! Pour cela, nous pensons diversifier notre offre ‘gourmande et fine » avec de nouveaux parfums (de biscuits, de yaourts…) mais aussi de nouveaux produits (la première « vache givrée » - traduisez ‘glace’ en langage triste et monotone, arrivera chez nous pour l’été !).
Nous pensons que cela ne nous empêchera pas de rester proche de nos clients, et de leur assurer un goût et une qualité irréprochables et comme ‘faits maison’. D’autres marques ont réussi, alors pourquoi pas nous ?

Quant au devenir de l’entreprise, mon objectif n’est pas de revendre la boîte, mais bon c’est sûr que si on nous fait une offre intéressante, on l’étudiera.

lundi 23 avril 2007

NYSE-Euronext : les enjeux d'une fusion

Annoncé au printemps 2006, le projet de fusion entre le New York Stock Exchange et Euronext, qui fédère les Bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne et le marché de dérivés londonien Euronext.liffe, s’est concrétisé la semaine dernière après que l’AMF ait confirme que la nouvelle entité Nyse-Euronext détient 91,42% du capital et 92,20% des droits de vote d'Euronext sur la base des résultats définitifs de l'offre publique Euronext.

L'action du nouvel ensemble transatlantique Nyse-Euronext sera cotée à partir de mercredi prochain à Paris et à New York.
La première Bourse transatlantique voit ainsi le jour avec une capitalisation boursière des sociétés qui y sont cotées de l'ordre de 27.000 milliards de dollars.

Bref rappel chronologique:

Chronologie de la fusion Nyse-Euronext
2006

En mai de l’année 2006 : L'opérateur de la Bourse de Francfort, Deutsche Börse, présente son projet de fusion avec Euronext, mais celle-ci rejette l'offre.22 mai : Le New York Stock Exchange présente à son tour une offre à la Bourse paneuropéenne, à près de 8 milliards d'euros (10,2 milliards de dollars), offre très comparable à celle de la Bourse allemande. Jean-François Théodore, P-DG de la Bourse convoitée, y est favorable, ainsi que le ministre de l'Economie, Thierry Breton.Un mois plus tard : Le Nyse et Euronext se mettent d'accord sur les conditions d'une fusion à 7,78 milliards d'euros pas loin de 10 milliards de dollars).21 novembre : Face aux controverses françaises, des investisseurs notamment, qui craignent un déséquilibre défavorable à la Bourse paneuropéenne, le Nyse accepte de donner aux Français le même nombre de sièges que les Américains au conseil d'administration du futur groupe.19 décembre : Les actionnaires d’Euronext approuvent à la quasi-unanimité la fusion avec le Nyse: à 98,2% des actionnaires présents ou représentés, représentant 65% du capital.20 décembre : Les actionnaires du Nyse se prononcent à 99,7% pour le rapprochement avec la Bourse paneuropéenne.

En 2007

9 janvier : Nyse Euronext dépose son projet d'offre publique auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF) qui donne son visa quelques jours plus tard.25 janvier : La Securities and Exchange Commission (SEC) et les régulateurs européens d'Euronext
signent un protocole d'entente en vue de faciliter la surveillance des marchés du futur groupe boursier

27 mars : Le Nyse détient 91,42% du capital et 92,22% des droits de vote d'Euronext.

Un géant est né.
La fusion
Nyse-Euronext, une opération réussie. A compter du 4 avril, les deux bourses ne formeront plus qu'un seul groupe, Nyse-Euronext le numéro un du secteur. Quels seront les principaux enjeux et changements d'un tel rapprochement?

Des bourses plus compétitives et une meilleure technologie

La concurrence entre les plus grandes places financières est forte et les bourses doivent s'adapter et améliorer leur compétitivité. La fusion, une solution pour laquelle la Bourse paneuropéenne et celle de New York ont opté. A l'échelle mondiale, cette fusion permettra à Euronext et Nyse de renforcer leur leadership.

En grossissant, les bourses espèrent attirer plus de clients, grâce à des coûts de transactions plus faibles et une liquidité plus élevée. Dans le cadre de cet accord, les américains bénéficieront de la technologie informatique d'Euronext, jugée la meilleure au monde. De plus, sur le moyen long terme, le système à la criée du Nyse laissera sa place à l'informatisation des échanges comme à Paris depuis 20 ans.

Grâce à une informatisation complète du site new-yorkais, les américains devraient investir davantage à distance sur Euronext. Aux Etats-Unis, une ancienne notion persiste dans la psychologie des gens, celle du Prudent Man's Rule. A l'époque, celle-ci interdisait aux américains d'investir en dehors des Etats-Unis. Vieille notion et pourtant selon certains, elle a encore un impact. Certains analystes pensent que cette fusion va influencer les américains d'un point de vue psychologique. Ce projet va leur donner l'impression qu'Euronext est une simple prolongation du Nyse. Ce rapprochement pourrait donc augmenter l'investissement et la liquidité sur Euronext.

Des changements avantageux pour les entreprises

Au grand plaisir des groupes européens, les changements législatifs seront moindres. En effet, les entreprises cotées continueront d'être soumises aux mêmes règles. Les groupes européens échapperont donc aux sévères lois comptables Sarbanes-Oxley, très réputées aux Etats-Unis pour les surcoûts qu'elles imposent aux sociétés.

Cette fusion va engendrer une progression du nombre d'investisseurs, de la liquidité, du nombre de transactions, ainsi qu'une baisse des coûts de transactions.

Les investisseurs en profitent aussi

La création de cette nouvelle entité ne changera rien aux habitudes de fonctionnement des investisseurs, à l'exception du changement des horaires de négociations prévus. En effet, la phase de négociation des actions cotées en continu sur Euronext sera prolongée de cinq minutes pour terminer à 17h30, au lieu de 17h25 jusqu'à présent. La phase de pré-clôture, se déroulera de 17h30 à 17h35, contre 17h25-17h30 jusqu'ici. Le groupe Euronext a ajouté que la phase de négociation au dernier cours, qui est actuellement de 10 minutes, sera réduite à cinq minutes et comprise entre 17h35 et 17h40. Ces changements prendront effet le lundi 2 avril 2007.

Ces changements jusqu'ici peu excitants pour les investisseurs, ne s'arrêtent pas là. En effet, d'un point de vue financier, les investisseurs ont eux aussi tout à y gagner. A terme en grossissant les deux groupes vont attirer davantage de clients, davantage de liquidité, davantage de transactions et vont ainsi diminuer le prix des transactions…heureuse nouvelle pour les investisseurs.

samedi 14 avril 2007

Tentatives de consolidation dans l'uranium: trop tôt ou trop tard?

Beaucoup d’effervescence récemment autour de l’uranium, qui est passé la semaine dernière au dessus de la barre des 113$/livre pour la première fois depuis les années ’70. Selon certains analystes, le métal pourrait voir son prix atteindre les 150$ à la fin de l’année et continuer à augmenter par la suite : en effet la demande mondiale pourrait doubler d’ici dix ans, avec une centaine de centrales nucléaires en cours de construction ou de planification dans le monde.

Un métal cher

Il faut cependant noter que pour d’autres analystes, comme Neal Froneman, président de SXR Uranium One, le prix actuel ne reflète pas une tendance à long terme : des comportements spéculatifs de la part de hedge funds notamment auraient artificiellement relevé les prix, et dans quelques années la livre d’uranium devrait se fixer à environ 80$.

Toujours est-il que les belles perspectives offertes par le développement de l’énergie nucléaire ont conduit à un mouvement de consolidation dans l’activité d’exploitation minière de l’uranium. A la fin du mois de février, l’australien Paladin Resources a ainsi initié une OPA hostile sur son compatriote Summit Resources. L’offre initiale consistait à échanger une action Paladin contre 2,04 actions ordinaires de Summit, ce qui valorisait Summit à 830 millions de dollars US. Malheureusement pour Paladin, l’OPA ne reçut même pas l’appui de 1% des actionnaires de Summit.

Partenariat stratégique ou rachat?

De plus, un troisième acteur est venu se mêler au jeu entre-temps : il s’agit d’Areva. Le constructeur de centrales nucléaires français ne souhaite pas racheter Summit, mais il a pris le contrôle de 9% de l’entreprise australienne, devenant ainsi le principal actionnaire, et pourrait doubler sa participation dans les mois à venir. Il s’agit pour Areva de développer un « partenariat stratégique » avec Summit. Paladin a réagi et a proposé une offre « définitive », qui expirera en fin de mois d’avril, valorisant Summit à 992 millions de dollars US, soit un prix par action très légèrement plus élevé que celui qu’a payé Areva.

Que va-t-il se passer ? Paladin semble déterminé à prendre le contrôle de Summit, ce qui lui permettrait par exemple de détenir la totalité du gisement de Valhalla-Skal, dans le Queensland. Un des arguments évoqués par Paladin pour convaincre l’actionnariat de Summit était que Paladin disposait d’expertise technique très avancée dans le domaine de l’exploitation du minerai, et que l’acquisition permettrait à Summit d’en profiter. Or l’arrivée de Areva bouleverse cet argument : un partenariat stratégique avec le géant français doterait Summit d’une expertise qui n’aurait rien à envier à celle de Paladin. Toutefois, le prix proposé par Paladin pourrait se révéler trop tentant.

Summit : un trop gros morceau pour Paladin ?

L’Australie est le pays qui dispose des plus grosses réserves d’uranium dans le monde, et le gouvernement fédéral pense libéraliser l’accès à des réserves dont l’exploitation est pour le moment interdite, pour raisons écologiques entre autres. Cela attire évidemment maintes convoitises, et il nous semble que bien que l’OPA de Paladin ait de bonnes chances de réussir, l’acquéreur australien a peut-être visé trop haut.

Toujours selon Froneman – un sud-africain, donc à priori non intéressé dans l’affaire – les compagnies minières d’uranium sont très chères en ce moment, à cause de l’augmentation des prix et de l’engouement pour l’uranium, qui conduisent à des valorisations d'entreprises très élevées, voire déraisonnables. Il est donc possible que les propriétaires de Summit saisissent cette occasion pour vendre, mais il reste à voir s'il s'agit d'une bonne affaire pour Paladin.



Sources :

“Record high uranium price results in chain reaction on stock market”, Resource Investor, 10/4/2007

“Paladin lifts hostile Summit bid”, Financial Times, 13/4/2007

“Australian uranium tussle intensifies”, Financial Times, 12/4/2007

“Paladin, Summit trade blows over Valhalla uranium”, The Age, 8/3/2007

“L’Australien Paladin relève de 20% son offre sur Summit”, La Tribune, 12/4/2007

Qui sommes nous ?

PARIS, France
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