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dimanche 28 janvier 2007

Record de l'Introduction en Bourse de ICBC: réalité ou mirage?


L’Introduction en Bourse record de l’Industrial and Commercial Bank of China (ICBC)

Après celles de la Bank of China et de la China Construction Bank, l’introduction en bourse (IPO) de l’Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), le 27 octobre 2006, du plus gros prêteur chinois, pour un montant record de $ 22mds, démontre l’attrait sans précédent des investisseurs pour les banques chinoises. Or, il subsiste un certain nombre de doutes autour de la gestion de ces banques, et en premier lieu des créances douteuses.


La vague d’Opérations d’Introduction en Bourse des banques chinoises

Un des éléments fondateurs de la modernisation et de l’assainissement des secteurs bancaires et financiers est sans doute l’adhésion de la Chine à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 2001. Or, 2006 marque la fin de la période de transition accordée à la Chine pour se conformer à diverses règles de l’OMC, notamment dans les secteurs de la banque et de la finance.

Parmi ces nouveaux défis, figure l’ouverture de ces secteurs à la concurrence étrangère, annoncée à la mi-novembre 2006, effective le 11 décembre dernier. En effet, à la condition de constituer une entité de droit chinois et d’être dotée d’au moins 100 millions de yuans, les banques étrangères peuvent désormais traiter avec les particuliers (banque de détail). Ont désormais dévoilé leur intérêt : les banques britanniques Standard Chartered et HSBC, Citigroup, ABN AMRO… Et, si à court terme, elles ne présentent pas une concurrence redoutable pour les banques chinoises, elles pourraient à plus long terme capter la clientèle urbaine et aisée, à la recherche par exemple de produits financiers plus sophistiqués…

Ainsi, sous la pression de l’OMC mais aussi afin de faire face à la concurrence étrangère, le gouvernement chinois a procédé à une vague de recapitalisation et de restructuration, dans ce secteur autrefois particulièrement marqué par la corruption et la mauvaise gestion. Les Introductions en Bourse permettent à la fois de recapitaliser et restructurer les banques, en augmentant d’une part leur capital, et en diminuant d’autre part le poids des créances douteuses dans le bilan. A ce propos, le gouvernement chinois encourage fortement les banques étrangères à investir dans les banques chinoises, tout comme dans d’autres secteurs, afin de profiter de leur expertise et renommées.

Et, comme les investisseurs étrangers se réjouissent d’avoir prochainement accès au marché bancaire chinois et orientent une grande partie de leurs stratégies de développement vers ce secteur prometteur, ceux-ci investissent massivement dès que l’occasion se présente. En effet, l’enjeu est de taille : une population de 1,3 milliards d’habitants, des classes moyennes représentant déjà plusieurs centaines de millions de personnes, parmi lesquelles les nouveaux riches se comptent en centaines de milliers, mais surtout une épargne exceptionnelle de 1720 milliards de dollars à fin 2005.

Tout d’abord, ICBC est le plus important établissement de crédit chinois, mais aussi une des quatre grandes banques chinoises. Il faisait figure de candidat idéal pour une introduction en bourse en fanfare. De plus, ICBC serait sous-évalué par rapport à ses homologues (Bank of China, China Construction Bank…). L’Introduction en Bourse d’ICBC (Industrial and Commercial Bank of China) s’est donc déroulée dans une atmosphère particulièrement favorable, avec une HongKongEX dépassant, en 2006, le NYSE en terme de capitaux levés ! ICBC a ainsi levé 22 mds $ le 27 octobre dernier, pulvérisant les records précédents de la Bank of China avec 13,7 mds $ et de la China Construction Bank avec 8 mds $ et la plaçant au septième rang du secteur mondial en terme de capitalisation boursière.

Inquiétudes autour des créances douteuses => spéculation trop risquée ?

Si cette levée de fonds record est vue par certains comme un « mélange de spéculation et de confiance dans un pays marqué par une croissance spectaculaire », voire comme « la confiance des investisseurs étrangers en la prospérité d’une économie chinoise en mutation » ainsi que s’en félicitait le Président de la Bank of China lors de son introduction en bourse, une approche plus réaliste conduirait à nuancer leurs propos.
Tout d’abord, le secteur reste largement sous la tutelle de l’Etat, d’où la possibilité de stratégies à des fins plus politiques qu’économiques. 70 à 80% des prêts qu’elle accorde sont octroyés à firmes chinoises, publiques et privées, dont les capacités de remboursement sont encore assez limitées. En effet, en 2005, 40% des entreprises publiques industrielles continuaient à perdre de l’argent. .
A ce propos, les inquiétudes de la Banque centrale chinoise elle-même semblent assez justifiées. Wu Xiaoling, gouverneure adjointe de la Banque centrale, s’inquiète déjà d’une possible recrudescence des créances douteuses en raison des fondations « pas encore solides » des banques chinoises « pour des avoirs sains ». Surtout, que si le ratio de prêts non productifs (non performing loans) a bien baissé ces dernières années, passant sous la barre des 10% pour la première fois en 2005, il reste encore très élevé en comparaison avec les grandes banques anglo-saxonnes qui affichent des taux autour de 1%. D’autant qu’un rapport du 16 mai dernier publié par Ernst & Young, avait été aussitôt censuré, estimant le montant réel des créances douteuses trois fois supérieur aux chiffres officiels.




Charlotte Quilain



1 commentaire:

Anonyme a dit…

La Chine utilise son système bancaire pour pratiquer une politique Keynésienne à l'ancienne.
C'est très bien pour les Chinois, beaucoup moins pour ceux qui investissent dans ces institutions. En fait, le système bancaire Chinois est en permanence au bord de la banqueroute et seule la « compréhension » de la banque centrale permet à ces banques de survivre pour autant qu’elles continuent à alimenter l’économie de prêt dans les secteurs jugés stratégiques par le pouvoir. Plus récemment une vaste politique de prêts à la consommation a été mise en œuvre à l'échelle du pays et ils s'avère que les taux de risque battent tous les records.
Lorsque les Chinois voudront mettre les étrangers à la porte il leur suffira de se mettre en banqueroute, techniquement cela ne devrait pas poser de problèmes. L’état recapitalisera en émettant encore de la monnaie et les actionnaires anglo-saxons qui ont acheté ces titres à prix d’or en seront pour leur frais …
Autrement dit cette introduction s’apparente à l’arnaque du siècle, à côté les emprunts russes feront un jour figure de bons placements…

Bien à vous Eric Grémont

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